Vague d'assassinats : au Congo la situation s'aggrave et le HCR s'inquiète

Gilles Roman Admin Date d'inscription : 04/05/2015

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Matthew Saltmarsh lors de la conférence de presse du 22 juillet 2022 au Palais des Nations à Genève.

Vague d'assassinats : au Congo la situation s'aggrave et le HCR s'inquiète 62da5d503

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est profondément attristé et gravement préoccupé par les souffrances endurées et le nombre croissant de morts enregistrés parmi les civils, y compris les personnes déplacées de force, lors d’attaques brutales dans les provinces de l’est de la RD Congo.

Cette situation inacceptable continue de s’aggraver et ne peut plus être ignorée.

Ce mois-ci, des attaques simultanées menées par des groupes armés dans la province d’Ituri ont fait 11 morts, et 250 maisons ont été pillées et brûlées.

Entre février et juin de cette année, le HCR et ses partenaires ont enregistré plus de 800 pertes en vies humaines dues à des attaques par armes à feu et à la machette contre des communautés locales en Ituri. Au moins 715 de ces victimes avaient trouvé refuge dans des sites de déplacés internes ou ont été tuées alors qu’elles rentraient chez elles après avoir fui les violences. Rien qu’en juin, 97 personnes déplacées ou qui retournaient chez elles ont été tuées lors d’attaques impliquant des enlèvements, des pillages et des incendies de maisons.

Plus de 20 700 personnes ont été chassées de chez elles par ces attaques, qui aggravent en outre l’insécurité alimentaire aiguë en Ituri, une région fertile où le développement a été mis en suspens par des décennies d’affrontements intercommunautaires, privant les familles et les nouvelles générations de moyens de subsistance.

Au Nord-Kivu, le camp de déplacés de Kashuga, dans le territoire de Masisi, a été détruit en juin par des hommes armés lors d’une attaque qui a fait huit morts et au moins sept blessés graves par arme à feu.

Ces dernières semaines, les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu ont déplacé plus de 160 000 personnes dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Le redéploiement des troupes gouvernementales dans ce conflit a créé des espaces de non-droit et un environnement sécuritaire fragile en Ituri et au Nord-Kivu. Des séries d’attaques coordonnées par de multiples milices terrorisent quotidiennement les communautés dans les provinces de l’est du pays.

Cette insécurité vient s’ajouter aux problèmes existants liés aux conflits intercommunautaires, au manque d’infrastructures et à l’absence des institutions dans la région. Elle alimente également la spirale de la violence, accentuant l’instabilité et sapant les efforts de paix et de développement. Ces attaques rendent en outre plus difficile pour le HCR et ses partenaires le fait de fournir une assistance vitale à ces communautés vulnérables.

L’opération du HCR en RDC ne dispose que de 19% des 225 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins croissants des réfugiés et des personnes déplacées en leur apportant une aide urgente et vitale. Ce budget a été établi sur la base des besoins constatés en début d’année. Des ressources supplémentaires significatives sont requises de toute urgence pour répondre aux besoins croissants des populations nouvellement déplacées.

Le HCR appelle toutes les parties, dans les termes les plus forts, à la cessation immédiate de cette violence insensée, qui force le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Nous demandons également le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme afin de protéger les civils et les travailleurs humanitaires de la violence, et de veiller à ce que les auteurs de ces actes soient immédiatement traduits en justice.

Plus de 5,6 millions de personnes sont déplacées en RDC, ce qui en fait la plus grande population de personnes déplacées sur le continent africain et l’une des plus importantes au monde.