Cargèse, un "Jardin" international des sciences en Corse
Jeu 5 Juil - 12:21
- Université de Corse / CNRS / Université Nice Sophia Antipolis -
L’Institut d’Etudes Scientifiques de Cargèse, un "Jardin" international des sciences en Corse
L’Institut d’Etudes Scientifiques de Cargèse, un "Jardin" international des sciences en Corse
Depuis les années 1960, le village de Corse-du-Sud s’est érigé en figure de proue de la recherche internationale en abritant l’Institut d’études scientifiques de Cargèse, une unité mixte de service de l’Université de Corse, de l’Université Nice Sophia Antipolis et du CNRS. Un haut lieu de la recherche qui n’a qu’un seul équivalent en France.
Au sein de la communauté universitaire, la seule évocation du petit village de Corse-du-Sud est synonyme d’une sorte de « Jardin d’Eden » de la recherche scientifique. C’est dire si, depuis ses premiers séminaires à la fin des années 1950, l’Institut d’études scientifiques de Cargèse a su asseoir sa réputation au-delà des frontières.
À l’échelle de la France, aux côtés de la prestigieuse École de physique des Houches, située en Haute-Savoie, face au Mont Blanc, Cargèse, véritable petit coin de paradis niché dans une crique au bord de la Méditerranée, fait partie des deux hauts lieux de la recherche scientifique où germe la réflexion sur le monde de demain. Créé officiellement en juillet 1960 sous l’impulsion du physicien théoricien Maurice Levy et de plusieurs chercheurs engagés, cet institut, né avec le soutien du CNRS, devait répondre à une grande ambition : partager et faire progresser les savoirs en réunissant les plus grands spécialistes mondiaux autour de sujets scientifiques. Déjà, à cette époque, la qualité des intervenants ne laisse pas de doute sur les travaux de haute volée qui y sont menés : John Bardeen, Prix Nobel de physique en 1962, vient s’isoler à Cargèse pour travailler les extensions de sa théorie de la supraconductivité, tout comme le doctorant néerlandais Gerardus t’Hooft participe en 1970 à des travaux qui lui vaudront la même distinction 29 ans plus tard.
Mais, à cette époque, seules quelques écoles de physique théorique s’y déroulent chaque année en été. Il faudra attendre les années 1990, sous l’égide de sa directrice Elisabeth Dubois-Violette, pour que l’Institut prenne son essor. Grâce à un financement public, l’établissement se dote de nouveaux locaux avec une capacité d’hébergement qui lui permettent d’étendre la période de déroulement des écoles et d’en élargir les thématiques scientifiques. « L’institut est avant toute chose un lieu de partage et de transmission des connaissances acquises pour former de jeunes chercheurs, considère Fabrice Mortessagne, directeur de la structure depuis janvier 2018. Le concept, fondé sur l’échange direct et les discussions dans une ambiance conviviale, permet de confronter les points de vue et de faire progresser la recherche dans de nombreux domaines. D’ailleurs si l’institut recevait, au départ, uniquement des rencontres autour de la physique, aujourd’hui nous accueillons toutes les disciplines. Désormais, la physique représente 40 % des thématiques et nous avons ouvert davantage à d’autres sciences, comme l’économie ».
Chaque année, l’Institut d’études scientifiques de Cargèse, rattaché depuis 1990 à l’Université de Corse, au CNRS ainsi qu’à l’Université Nice Sophia Antipolis, accueille une trentaine d’événements, sur une période de neuf mois, réunissant quelque 2000 participants, dont près de 50 % sont des étrangers. Loin du rythme de la vie quotidienne, à coups de téléphone ou de mails incessants, en contact avec la nature et la communauté villageoise, des savants réputés du monde entier viennent y enseigner les grands sujets de la science, échanger autour de leur expérience et partager les dernières avancées avec de nombreux élèves et le grand public. « N’importe où dans le monde, au Japon ou aux États-Unis par exemple, le village de Cargèse est connu de la communauté universitaire », remarque Mathias Fink. Physicien et professeur de l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris, ce chercheur de renom est venu une quarantaine de fois à l’Institut d’études scientifiques de Cargèse depuis 1995 pour travailler notamment sur l’application des ondes à l’imagerie biomédicale. Un lieu propice à la méditation qui a permis d’explorer de nouvelles pistes pour aboutir à de grandes découvertes mondiales. « Les échanges entre physiciens et sismologues qui ont lieu dans les écoles à Cargèse depuis vingt ans ont conduit, par exemple, à l’invention d’une nouvelle méthode, la sismologie passive, qui révolutionne aujourd’hui la sismologie dans le monde entier, note Mathias Fink. Le fait d’être dans un lieu remarquable permet de fédérer la communauté scientifique autour de perspectives communes. En ce sens, depuis près de cinquante ans, Cargèse a créé bien plus qu’un concept : un modèle ».
A propos de l’Université de Corse Pasquale Paoli
Fondée en 1765 et rouverte en 1981, l’Université de Corse Pasquale Paoli est aujourd’hui une structure de formation et de recherche résolument ancrée dans son territoire, en prise directe avec les grandes problématiques locales et internationales. Pour ouvrir la voie de la réussite, de l’insertion et de l’émancipation à ses 4700 étudiants, l’Université de Corse s’est dotée des moyens appropriés, en termes institutionnels, avec un accès à l’autonomie parmi les toutes premières universités ; en termes scientifiques, avec une politique de recherche déclinée en 8 projets structurants et labellisés par le CNRS ; et en termes éducatifs, avec plus de 100 diplômes répartis en 4 grands domaines fondamentaux, qui incluent des formations professionnalisantes et des enseignements de pointe comme PACES, ou une Ecole d’ingénieurs. Ces orientations stratégiques répondent à une volonté de faire fructifier les compétences acquises depuis plus de 30 ans. C’est pourquoi l’impact territorial de l’Université de Corse est indissociable de sa lisibilité internationale, marquée par notre participation active à des réseaux de partenaires mondiaux : notre Université fait partie de l’Association de Recherche et de Coopération Euro-Méditerranée (avec Paris VI, Nice Sophia Antipolis, Sud Toulon Var, Gênes, Turin et Pise) ; elle a fondé le Réseau d’Excellence des Territoires Insulaires (RETI) qui rassemble aujourd’hui 27 universités insulaires dans le monde.
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