Municipales 2026 : une enquête sur la popularité des maires et présidents d'intercommunalités
Mer 30 Oct - 16:52
Sur quels critères et enjeux les prochaines élections municipales et communautaires de 2026 se joueront-elles ? Lors du prochain scrutin, les enjeux intercommunaux parviendront-ils à s’imposer dans un débat public généralement dominé par des problématiques communales d’hyper-proximité ?
L'association Intercommunalités de France a commandé à l’Ifop une grande enquête sur le rapport des Français à leur intercommunalité, à leurs élus et les perspectives de renouvellement de leurs exécutifs aux prochaines élections. Réalisée auprès d'un échantillon de taille exceptionnelle (5 027 personnes), cette étude qui mesure le rapport des Français à leurs collectivités dans un contexte plutôt tendu avec le gouvernement (ex : économies budgétaires, compétences eau et assainissement…) montre que le soutien au modèle intercommunal reste fort, mais que de fortes disparités existent entre types de territoires.
Dans un contexte national marqué à la fois par une grande instabilité politique et de forts clivages idéologiques, le bloc local - communes et intercommunalités - apparaît comme un gage de stabilité autant que comme une source d’inspiration :
1 – Le gouvernance intercommunale constitue un modèle à suivre à l’échelon national
Se distinguant par la culture du compromis et du dépassement des oppositions partisanes, la gouvernance intercommunale constitue aujourd'hui un modèle à suivre pour l’opinion, la plupart des Français (90%) estimant que le gouvernement de Michel Barnier devrait s'inspirer du mode de fonctionnement des intercommunalités.
2 – Dans la situation d'instabilité parlementaire actuelle, l’étude montre aussi que le couple communes et intercommunalités inspire globalement confiance, aussi bien comme un vecteur d'assurance dans le fonctionnement des services publics (62%) que comme une source de stabilité dans la mise en place des politiques publiques locales (55%).
3 – Les économies budgétaires demandées aux collectivités sont loin de faire l’unanimité.
L'équilibre entre le niveau des services publics et la pression fiscale divise plus que jamais les Français : ceux-ci étant aussi nombreux à préférer améliorer les services publics locaux, quitte à augmenter les impôts (37%), qu’à défendre une baisse d'impôts, même au prix d'une réduction des services (38%).
4 – L’intercommunalité, l’échelon le plus adapté pour les compétences eau et assainissement
La position de Michel Barnier, qui vient d’annoncer qu’il n’y aura plus de transfert obligatoire de ces compétences aux intercommunalités, est loin de faire l’unanimité : la grande majorité des Français estimant que l’intercommunalité est l’échelon « le plus adapté pour prendre en charge les principales décisions » aussi bien en ce qui concerne l’assainissement des eaux usées (65%, +5 points en 10 ans) que ce qui est relatif à la gestion de l’eau potable (61%, +3 points entre 2014 et 2024).
5 – Des Français largement satisfaits de leur gestion actuelle de ces questions dans les intercommunalités ayant ces compétences
La légitimité des intercommunalités à gérer l’eau et l’assainissement tient sans doute au fait, que dans les intercommunalités qui exercent ces compétences – 48% exercent la compétence eau potable, 56% celle de l’assainissement –, cette gestion à l’échelle intercommunale est très populaire : les trois quarts des habitants des collectivités concernées se disent satisfaits de l’action de leur intercommunalité en matière de gestion de l’eau potable (76%) comme d’assainissement (74%).
6 – De manière générale, la volonté d’attribuer des pouvoirs se fait au profit des communes
Or, la crédibilité des intercommunalités à gérer ces dossiers est d’autant plus méritoire qu’en général, la volonté d’attribuer des pouvoirs se fait au profit des communes : plus d’un tiers des sondés (37%) estiment que le maire n'a « pas assez de pouvoir », contre à peine un quart pour les autres échelons locaux : intercommunalités, départements, régions. Le désir de voir les décisions prises au plus près du terrain n’empêche donc pas la reconnaissance de la légitimité des intercommunalités à gérer ces services du quotidien.
Figures de la démocratie de proximité, les élus du bloc local – maires et président(e)s de l’intercommunalité – bénéficient d’une popularité élevée mais qui est loin de leur garantir une réélection aisée en 2026, notamment dans les grandes agglomérations :
7 - Au cours des dix dernières années, la popularité des maires s’est renforcée, leur taux de satisfaction s’élevant désormais à 69% (+6 points de 2014 à 2024). La proportion d’électeurs souhaitant leur réélection a, elle, évolué dans le même sens (+6 points entre 2017 et 2024) tout en restant plus mesurée : seuls 56% des électeurs souhaitent que leur maire soit réélu(e) en 2026, signe qu’une popularité fonctionnelle n’induit pas forcément une popularité électorale…
8 –N’ayant pas le même niveau de proximité et de visibilité que les maires, les présidents d’intercommunalité affichent logiquement une popularité plus limitée (62%), qui s’est d’ailleurs un peu effritée en six ans (-3 points). Signe d'une confiance globale dans la gestion intercommunale, cette popularité reste néanmoins significative pour un élu local, notamment dans les intercommunalités faiblement peuplées : 67% dans les communautés de communes, contre 56% dans les métropoles.
Dans le détail, l'image des présidents d'intercommunalité a évolué de manière contrastée depuis 2018. Par exemple, ils sont perçus comme plus compétents (+3 points, à 71%), honnêtes (69%, +6 points) et efficaces (62%). Mais ils sont aussi considérés comme moins capables de rassembler (-7 points, tombant à 50%), notamment dans les métropoles (44%, contre 56% dans les communautés de communes, signe de l'importance de la proximité et de l'échelle humaine dans la perception des élus.
Comme pour les maires précédemment étudiés, le niveau de souhait de réélection des présidents d’intercommunalités est plus faible (53%) que leur niveau de popularité (62%). Et l’analyse de leur souhait de réélection confirme une prime à la proximité, les présidents de petites intercommunalités (ex : 59% dans les intercommunalités de moins de 15000 hab. partant avec un soutien plus fort que ceux des métropoles (48%).
Dans la campagne qui s’annonce plus serrée que celle de 2020, le programme sera important pour les présidents d’intercommunalités et les maires sortants. Mais c'est leur capacité à valoriser leur bilan tout en démontrant que c’est leur personnalité qui a permis de le mener à bien, qui sera de nature à leur donner un avantage comparatif net face à leurs adversaires.
10 – Dans un contexte accru de démonétisation des étiquettes partisanes, les électeurs poussent plus que jamais à une plus grande personnalisation du scrutin
Si le programme des candidats (77%) reste toujours en tête des critères du vote à une élection municipale, la dynamique la plus notable est « l’effet personnalité » du candidat qui joue de plus en plus : +15 points en dix ans, soit 61% des votants qui détermineront leur vote en fonction de la personnalité du candidat au poste de maire. A l’inverse, le critère de l’étiquette politique stagne à 42% (+4 points en dix ans), signe d’une démonétisation des étiquettes partisanes.
11 – L'importance croissante accordée au bilan de l'équipe municipale sortante (68%, +10 points depuis 2014), tout comme le rang élevé (4ème) occupé par le bilan de l'équipe intercommunale sortante dans les critères déterminants du vote suggèrent une meilleure prise en compte du rôle des exécutifs locaux par les électeurs, et par là, une certaine localisation des enjeux. La dynamique nationale restera, à l’inverse, plus limitée (37%), sauf dans les métropoles (43%, contre 32% dans les communautés de communes).
12 – Le prochain scrutin se jouera sur le cœur de métier historique des intercommunalités. Les six thèmes les plus déterminants dans leur vote seront
- les enjeux environnementaux
- la distribution de l'eau potable (61%)
- l'assainissement des eaux usées (59%) et la gestion des déchets (58%)
- les questions de mobilité : la voirie (60%) et l’organisation des transports urbains (58%). Seule la question de la lutte contre la délinquance (58%), qui est, elle, une compétence très périphérique, ressort dans le TOP 6.
Etude Ifop pour Intercommunalités de France réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 16 au 31 août 2024 auprès d’un échantillon national représentatif de 5 027 personnes âgées de 18 ans et plus dont 4 881 personnes dans les 13 régions métropolitaines et 146 personnes dans les 5 DROM.
- Le calendrier des vacances scolaires, jours fériés : zones A B C 2023 2024 2025 2026
- Exécutif région AuRA: les 15 vice présidents de Laurent Wauquiez et la liste des conseillers régionaux élus
- La Région Île-de-France labellise 9 domaines de recherche et d’innovation majeurs (DIM) pour la période 2022-2026
- Lyon Métropole : le trombinoscope de la Commission Permanente
- A Paris, le salon des Maires de France
Permission de ce forum:
Vous pouvez répondre aux sujets dans ce forum