BIARRITZ : UN G7 AVEC VUE… SUR UN OCÉAN AGONISANT
Ven 30 Aoû - 0:17
Le point de vue de France Nature Environnement :
Le Golfe de Gascogne, ses paysages époustouflants, sa gastronomie et ses eaux… qui ne sentent plus l’océan. Ici l’atmosphère iodée, caractéristique d’un océan en bonne santé, a tout simplement disparu et pourrait progressivement laisser place à une « zone morte ». En cause, une pollution aux détergents pétrochimiques invisible mais redoutable. C’est dans ce cadre inquiétant que se réuniront du 24 au 26 août prochains, à Biarritz, les chefs d'Etat du G7 dans le but de s’accorder sur des solutions concrètes pour protéger la planète. Et s’ils commençaient par tourner les yeux vers le Golfe de Gascogne ? La SEPANSO et France Nature Environnement lèvent le voile sur une problématique identifiée mais ignorée depuis plus de 20 ans.
Le Golfe de Gascogne, bientôt « zone morte » de l’océan Atlantique ?
Les « zones mortes », ces eaux contenant très peu d’oxygène et où la faune marine se fait rare, gagnent de plus en plus de terrain. En 2008, on en dénombrait déjà plus de 400 * sur l’ensemble la planète, réparties sur 245 000 km2. A l’origine de ce phénomène, plusieurs facteurs dont le réchauffement climatique, les engrais et pesticides utilisés en agriculture, mais aussi d’autres produits chimiques.
Dans le Golfe de Gascogne, ces derniers s’accumulent au point que l’atmosphère iodée naturelle, tant vivifiante, caractéristique d’un océan en bonne santé, a disparu. Les eaux ne sentent donc plus l’océan et sont devenues grasses. A la différence d’une marée noire, la pollution chimique à l’origine du problème est invisible… par mer calme. Pourtant, dès que la mer s’agite, des mousses brunâtres apparaissent, remplaçant l’écume naturelle. Enfin, les embruns chargés de ces polluants ont un effet décapant sur certains végétaux tels que les pins maritimes. Pour preuve, les pins « brûlés » de l’Hôtel du Palais à Biarritz. Cela génère une grande inquiétude pour les pêcheurs et les citoyens conscients : quel peut en être l’impact sanitaire ? Les analyses des prélèvements de mousses réalisés par la SEPANSO durant ces périodes, de Biscarrosse à la Côte Basque, confirment cette pollution.
Un cocktail chimique qui ravage le Golfe de Gascogne
A l’origine de cette pollution, un « cocktail chimique » composé notamment de détergents pétrochimiques, entre autres micropolluants, qui ne sont presque jamais traités par les stations de traitement des eaux usées. On retrouve ces détergents pétrochimiques dans les lessives, notamment. Pire, lors d’épisodes pluvieux, des débordements directs de stations d’épuration s’ajoutent à la pollution globale qui finit dans le Golfe de Gascogne.
L’eau du Golfe de Gascogne, impropre à la baignade ? Difficile à dire, puisque ce cocktail chimique n’est toujours pas pris en compte dans la mesure de la qualité des eaux de baignade. A l’heure actuelle, seule la bactériologie est suivie. La SEPANSO sonne pourtant l’alarme depuis 1998 auprès du District Bayonne Anglet Biarritz, date de l’appel du collectif de 60 scientifiques « pour des détergents sans danger pour l’environnement ». Les pays membres du G7 prendront-ils enfin les décisions tant attendues ?
Une seule solution : l’interdiction des détergents pétrochimiques
L’Elysée l’a promis dans un communiqué : lors du G7, « nous proposerons des mesures concrètes pour protéger la planète, en mettant l’accent sur la protection de la biodiversité, du climat et des océans ». La SEPANSO et France Nature Environnement ont décidé de prendre cet engagement au pied de la lettre : « Le G7 doit acter le retrait du marché des détergents pétrochimiques, comme cela vient d’être fait pour certains plastiques. C’est une mesure de bon sens si l’on ne veut pas que les zones mortes ne se multiplient dans nos océans ! La situation du Golfe de Gascogne doit nous permettre de tirer des leçons » estime Georges Cingal, secrétaire général de la fédération SEPANSO Aquitaine.
Directive Cadre Eau de 2000, Directive Cadre Stratégie Milieu Marin de 2008… à l’échelle européenne, l’objectif de reconquête de la qualité écologique et chimique des eaux a déjà été acté. Pour respecter leur engagement à protéger la biodiversité, le climat et les océans, les pays européens du G7 doivent montrer l’exemple et retirer du marché européen ces produits chimiques aux impacts catastrophiques sur nos écosystèmes. De plus, les détergents pétrochimiques sont parfaitement remplaçables par des détergents d’origine naturelle, biodégradables.
Pour aller plus loin
Voir la présentation « Les micropolluants : impacts sur les écosystèmes et risques sanitaires » (SEPANSO 40)
Lire le dossier « Les micropolluants : notre santé, notre environnement » (SEPANSO 40)
France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l´environnement. C´est la porte-parole d´un mouvement de 3500 associations, regroupées au sein de 71 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer. France Nature Environnement, partout où la nature a besoin de nous. www.fne.asso.fr
Commentaires sur le G7 Biarritz 2019 : aucun engagement sur les "Biens mal acquis !
Ven 30 Aoû - 0:13
L'actualité des organisations internationales en vidéos avec LYFtvNews :
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Biens mal acquis: la restitution des avoirs détournés aux populations spoliées aurait dû être une priorité du G7 2019 qui entendait "lutter contre les inégalités dans le monde"
Du 24 au 26 août 2019 à Biarritz, dans le Sud-Ouest de la France, le Sommet du G7 a fait de la lutte contre les inégalités le combat de cette année. Les pays membres du G7, qui représentent 40% du PIB mondial, se sont ainsi se pencher sur les moyens de réduire les inégalités d’accès aux services tels que l'éducation, la santé, le logement, l'eau potable, etc.
Peut-on lutter efficacement contre ces inégalités si la question de la privation des ressources des pays en développement du fait de la corruption et des détournements de fonds publics n’est pas soulevée à l’échelon national et international ?
Chaque année, 20 à 40 milliards de dollars, soit l'équivalent de 20 à 40 % du total annuel de l'aide internationale au développement, sont volés aux pays en développement. En effet, les dirigeants de certains pays amassent une fortune considérable en détournant les fonds publics de leur pays et en se livrant à des pratiques de corruption. Ils investissent ces avoirs illicites au sein même des pays membres du G7, dans des comptes bancaires, des produits de luxe, ou encore des biens immobiliers comme révélé par les enquêtes du Journal de Montréal Des Africains controversés investissent massivement dans l'immobilier au Québec.
Les ONG Sherpa, Transparency International France ainsi que la Coalition Biens Mal Acquis du Canada ont été à l’initiative de plaintes en France et au Canada contre ces dirigeants et leurs proches.
En octobre 2017, à la suite de l’une de ces plaintes, le vice-président de la Guinée Equatoriale et fils du président de ce pays, Théodorin Obiang, a été condamné en France. La justice a prononcé la confiscation de ses biens situés sur le territoire français, d’une valeur de 150 millions d’euros. Cette décision historique, dont il a été fait appel, pose la question urgente de la restitution des avoirs aux populations spoliées, les premières victimes de la corruption.
À la suite de l’adoption en première lecture et à la quasi-unanimité par le Sénat français d’une proposition de loi permettant aux autorités françaises de restituer les avoirs issus de la corruption aux populations victimes, dans le respect des principes de transparence, redevabilité, solidarité, intégrité et efficacité, le gouvernement français a lancé une mission parlementaire pour étudier les pistes législatives et budgétaires qui permettront de restituer les avoirs détournés.
L’ONG Sherpa et la Coalition Biens Mal Acquis du Canada regrettent cependant que le G7 de Biarritz ne se soit pas saisi de la question de la restitution des avoirs détournés, manquant par là l’occasion d’ancrer le combat anticorruption dans la lutte globale contre les inégalités et d’y inclure la société civile des pays spoliés.
Sherpa et la Coalition rappellent aux pays du G7 leurs engagements internationaux en matière de lutte contre la corruption et de restitutions des avoirs, et invitent les pays du G7, hébergeant une part importante des biens mal acquis dans le monde, à se doter d’un cadre juridique encadrant la restitution des avoirs afin de s’assurer que les fonds restitués serviront l’intérêt général et non pas à nouveau des intérêts privés.
Contact presse :
Clara Gonzales, Sherpa : 06 47 11 65 06 ou presse@asso-sherpa.org
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