Croissance bleue : alerte rouge

Le 8 octobre, la Commission européenne et les ministres européens chargés de la politique maritime ont présenté le nouveau programme pour la croissance et l’emploi en mer. Après la croissance verte, voici la croissance bleue...

Hydrocarbures marins : en route vers la croissance noire…
La puissance installée d’énergie marine doit être développée ? Oui, à condition qu’on parle bien d’énergie renouvelable, et qu’en parallèle, on remette sérieusement en question l’exploitation des hydrocarbures offshore. L’Europe ne peut faire l’impasse sur la course effrénée dont ils sont l’objet si c’est bien une politique énergétique propre qu’elle ambitionne de mettre en œuvre.

Biotechnologies bleues : pas de main basse sur le vivant
La prochaine décennie doit être celle du développement des biotechnologies bleues ? Encore oui, si la communauté internationale travaille en parallèle à la réforme du statut du vivant en haute mer, et le considère enfin comme un bien commun. Pas question que seuls les pays riches s’accaparent les richesses de la mer et multiplient les brevets sur les gènes du vivant sans envisager le partage des bénéfices. Cette problématique devra être abordée lors de la réunion de la COP biodiversité à Hyderabad et une réforme des régimes juridiques en vigueur envisagée.

Pas de croissance dans un environnement dégradé !
L’environnement est le parent pauvre de ce nouveau programme. Citée à la marge, la préservation d’un environnement marin sain est pourtant centrale et première : c’est ce qui sous-tend toutes les activités en mer ! Pas de tourisme dans un environnement dégradé. Pas d’aquaculture dans des eaux de mauvaise qualité.

Tenir les engagements déjà pris
En 2008, l’Europe s’est dotée d’un outil destiné à intégrer la protection du milieu marin à toutes les activités humaines : la directive-cadre stratégie pour le milieu marin fixe ainsi comme objectif de parvenir au bon état écologique des eaux marines en 2020. Une transcription vigoureuse et courageuse et nécessaire. Avant de se lancer à l’assaut de la « croissance bleue », l’Europe doit déjà travailler dans le cadre qu’elle s’est elle-même fixé. Engageons-nous sur des objectifs ambitieux pour la protection du milieu et donnons-nous les moyens de les tenir !

Bruno Genty, président de FNE : « Les Etats parties à la Convention sur la diversité biologique, actuellement réunis en Inde à Hyderabad, ont une occasion unique de donner un coup d’accélérateur aux négociations en faveur d’une meilleure préservation et d’un meilleur usage de la biodiversité marine en haute mer »
(Communiqué de France Nature Environnement)